Les herboristeries sont-elles interdites?

Voilà une question qui nous est régulièrement posée. Créé en 1803, le certificat d’herboriste a été supprimé en 1941 sous le gouvernement de Vichy.

Pour autant, les connaissances des plantes médicinales ont continué de se transmettre génération après génération. Et dans le grand caléidoscope des pratiques de santé, l’herboristerie occupe toujours une place importante. Alors que signifie ouvrir une herboristerie de nos jours ? Petit tour d’horizon d’un vieux métier plein d’avenir. Petite rétrospective historique Au XIXe siècle, à l’époque où la sécurité sociale n’existe pas, l’herboriste est un relais de santé central auprès d’une frange de la population qui n’a pas les moyens de recourir au médecin ou au pharmacien. Les études de pharmacie étant interdites aux femmes jusqu’en 1860, l’herboriste est le plus souvent une praticienne issue d’un milieu humble, qui maîtrise l’art de soigner par les plantes en plus d’être infirmière ou sage-femme. La place de l’herboriste dans le système de soin est bien réelle mais souvent confondue avec l’épicier et l’apothicaire qui vendent, eux aussi, des plantes. Le 11 avril 1803, la loi établit donc un certificat d’herboristerie, délivré par les écoles de pharmacie. L’initiative répond à un besoin de clarifier le statut de l’herboriste. Mais à la fin du XIXe siècle, alors que la médecine scientifique progresse, la concurrence entre les pharmaciens et les herboristes s’exacerbe. Les feuilletons juridiques se multiplient et le Certificat d’herboriste est constamment menacé. Lorsque la seconde guerre éclate, les syndiqués capables de défendre la profession sont appelés au combat et beaucoup disparaissent. L’article de 1941 signe finalement l’arrêt du Certificat. En France, la dernière herboriste certifiée, Marie Roubieu, s’est éteinte en 2018.

L’herboristerie : un intérêt jamais démenti.
Depuis les années 1960, la préoccupation grandissante pour la question environnementale et l’intérêt croissant pour les médecines douces ont remis l’herboristerie au cœur des attentes sociétales. Associés à la connaissance des plantes médicinales, les herboristes symbolisent et entretiennent depuis toujours un lien indéfectible entre l’humain et la nature. Dans les écoles telles qu’IMDERPLAM, les savoirs ont continué de se transmettre tandis que de nouvelles conditions légales de pratique se sont imposées.

Concrètement, que dit la loi ?

Le certificat supprimé, il n’est plus possible de prétendre au titre d’herboriste. Toutefois, la loi autorise « les praticiens en plantes médicinales » à vendre 148 plantes libérées du monopole pharmaceutique, sous des formes et des parties spécifiques précisées par le décret n°2008-841 du 22 août 2008. La législation leur permet également la vente de plantes appartenant à la liste A de la Pharmacopée sous le statut de compléments alimentaires. S’ils ne peuvent établir de diagnostic ni de prescriptions, ceux qui pratiquent l’herboristerie peuvent s’appuyer sur certaines allégations de santé, dont la liste est dressée par la Commission Européenne, sur avis de l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments. De leur côté, les pharmaciens sont les seuls à pouvoir vendre et conseiller toutes les plantes médicinales. Mais malgré leur diplôme reconnu, ils ne sont pas autorisés à tenir une herboristerie et à vendre exclusivement des plantes médicinales. Leur inscription à l’ordre des pharmaciens induit nécessairement la vente conjointe de médicaments. Le renouveau de l’herboristerie.
En conclusion, la suppression du Certificat n’a pas irrémédiablement fait disparaitre la pratique de l’herboristerie : elle l’a obligée à s’adapter, à évoluer et à s’inscrire dans un cadre légal différent. C’est dans le respect de ce cadre réglementaire qu’IMDERPLAM, au même titre que les autres écoles de la Fédération française des Écoles d’Herboristerie, accompagne et forme ses apprenants. L’Histoire témoigne de la complexité des liens entre herboristes et pharmaciens. Mais se limiter à cette opposition serait occulter une autre réalité : sur bien des points, l’herboristerie et la pharmacie se sont influencées et construites ensemble. Amalgamés dans les siècles passés, ce sont aujourd’hui deux métiers bien différents et complémentaires. Le Certificat de 1803 permettait l’accès
à une médication pour une population à faibles revenus et offrait un débouché pour des femmes d’origine sociale modeste. Rétablir un certificat identique à celui du passé n’aurait de nos jours aucun sens. Reconstruire l’herboristerie nécessite de recréer un cadre en adéquation avec les attentes de
la société contemporaine. Pour faire de l’herboristerie une profession à part entière, autonome et reconnue dans le système de soin français, le sénateur Joël Labbé a d’ailleurs lancé en 2018 l’initiative d’une mission parlementaire sur l’encadrement législatif des herboristes.

Et IMDERPLAM dans tout ça ?

Depuis 1974, IMDERPLAM transmet l’art des soins par les plantes en s’appuyant sur une équipe pédagogique pluridisciplinaire, composée de médecins, docteurs en pharmacie, scientifiques et botanistes. Invitée à participer aux tables rondes de la mission d’information au Sénat sur le développement de l’herboristerie et des plantes médicinales, notre école participe à la réhabilitation de savoirs populaires précieux et à la reconnaissance du métier d’herboriste. Au quotidien, elle travaille en concertation avec des instances législatives telles que l’ANSM. À l’heure où la phytothérapie démontre tout son intérêt, IMDERPLAM appelle de ses vœux la renaissance d’un métier d’herboriste au rôle bien défini.

Source : Les herboristes au temps du certificat (1803-1941) par Ida Bost, éditions L’Harmattan

Pour aller plus loin

  • Rapport de la mission d’information du Sénateur Joël Labbé, « Les plantes médicinales et l’herboristerie : à la croisée de savoirs ancestraux et d’enjeux d’avenir. »
  • Liste ANSM des 148 plantes médicinales libérées du monopole pharmaceutique et autorisées à la vente libre
  • Liste des allégations de santé utilisables
  • Thèse de recherche UNIVERSITE PARIS OUEST NANTERRE LA DEFENSE, « Éthnologie des herboristes en France, de l’instauration du certificat en 1803 à aujourd’hui », par Ida Bost

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