Julien Martre est le fondateur de la société Boèmia installée dans l’Aude qui produit et commercialise des Huiles Essentielles et des hydrolats de grande qualité. Son parcours est celui d’un véritable voyage initiatique à travers le monde des plantes, semé d’épreuves, de rencontres et d’expériences.
A 20 ans, Julien est saisonnier: ses études agricoles le poussent au travail de la vigne et du vin. Il vit dans les Corbières, terre de son enfance. Son rêve : s’installer en agriculture biologique et être son propre patron.
Les années passent, Julien commence à s’intéresser aux plantes aromatiques de son terroir. Tout d’abord et tout simplement, il se penche sur le thym et la lavande. Il se renseigne sur leurs propriétés, leurs utilisations et leur culture. C’est lors d’un passage chez un producteur de l’Aude en 2012, Jean-Yves Charpentier, actuellement à la retraite, qu’il a sa première révélation face à un alambic. Il prend alors conscience du cadeau merveilleux et si précieux que nous font les plantes en nous offrant leur essence même, lors de la distillation.
Sa deuxième révélation est la découverte de la cueillette sauvage : un métier où l’on se sent libre, un métier où l’humilité se mêle à la reconnaissance envers la plante qui s’offre à vous, un métier où le geste est précis, un métier qui valorise la connaissance des plantes, du terrain et du terroir. Un métier où l’instinct du cueilleur prend toute sa place.
Sa troisième révélation, est celle de la difficulté de vivre décemment de son travail dans le monde agricole des plantes à parfum et médicinales.
Deux questions s’offrent à lui : comment valoriser son activité ? Et comment gagner sa vie décemment ?
Nous sommes en 2013: Julien a 30 ans, il s’achète un break, une faucille, des draps blancs et parcourt les montagnes pour cueillir avec respect cyprès, thym, lavande aspic. Il les distille chez son ancien maître de stage et fait les marchés. Très vite, il se trouve confronté à une demande d’huiles essentielles exotiques qu’il ne peut honorer. Il réalise que, pour vivre de sa passion, il doit élargir sa gamme et se diversifier. Il se met en quête de producteurs responsables ayant le label « commerce équitable ». Il cherche le juste équilibre entre une production locale et la distribution, sous sa propre marque, d’essences étrangères de qualité : Boèmia est née (bohème en occitan).
Trois ans plus tard, en 2016, Julien entreprend de cultiver une parcelle familiale. Multi-tâches, tel un homme-orchestre, il gère les cultures, la vente, la distillation, la cueillette et l’administration ! Les nuits sont courtes et les journées sont bien remplies. Il démarre en parallèle la formation « herboristerie, plantes médicinales et médecine douce » d’IMDERPLAM : cela le pousse à réfléchir sur le rapport entre l’homme et le vivant. Il y apprend à mieux connaître la flore qui l’entoure et ainsi à mieux préserver les espèces menacées.
En 2017, le destin place sur son chemin Pierre-Jean Michel. Commercial, formé à la naturopathie, il est passionné par le travail de Julien. Il devient son associé et prend en charge la partie commerciale. Ensemble, ils franchissent un cap et développent la société.
Boèmia continue à grandir, toujours dans le respect de la nature et de la plante. Aujourd’hui, julien continue la cueillette sauvage. Il cultive près de 3 hectares en agriculture biologique, il s’occupe de la distillation et de la gestion des stocks.
Leurs produits sont distribués dans une soixantaine de boutiques et sur leur site internet.
Il aime son métier plus que tout car, nous dit-il avec humilité : « s’il représente beaucoup de travail et d’investissement personnel, sa fragilité en fait la beauté. »
Julien est membre du conseil d’administration de l’Association Française des Cueilleurs (AFC) qui à pour but de fédérer les professionnels de la cueillette afin de mettre en place une cueillette respectueuse de la ressource, des milieux et des hommes.
